Cyanotypes et Art Botanique : L’Héritage d’Anna Atkins
A la découverte d’Anna Atkins
Née en 1799 à Tonbridge en Angleterre, Anna Atkins, enfant unique et orpheline de mère, reçoit une éducation scientifique rigoureuse - rare pour une femme de son époque - grâce à son père, John George Children, un scientifique de renom.
Formée au dessin scientifique, elle illustre en 1823 la traduction anglaise, par son père, de l’Histoire des mollusques du naturaliste français Jean-Baptiste de Lamarck.
Elle se marie en 1825 avec John Pelly Atkins. Le couple n’aura pas d'enfants. Anna Atkins se consacre à la biologie et commence à constituer un herbier de référence.
En 1839, elle devient membre de la London Botanical Society, une des rares sociétés savantes ouverte aux femmes.
Grâce au photographe William Henry Fox Talbot, elle découvre la technique des photogrammes, une des premières techniques photographiques sans chambre que le photographe appelle « dessin photogénique ».
Photogramme de William Henry Fox Talbot
Anna Atkins se détourne alors des méthodes graphiques et devient l’une des premières praticiennes de la photographie sur papier.
Cependant, c’est la découverte du cyanotype, procédé développé à partir de 1842 par John Herschel, astronome et scientifique anglais, qui révolutionne son travail. La technique du cyanotype ne fait pas intervenir de sels d’argent comme chez W.H.F. Talbot, mais des sels ferriques.
L’innovation du cyanotype
C’est quoi un cyanotype ?
Le cyanotype est une image photographique obtenue sans appareil photo. On pose le spécimen - objet, végétal - sur une feuille enduite d‘une solution photosensible. Après exposition au soleil, l’image fixée par lavage à l’eau se détache alors en blanc sur un fond bleu de Prusse.
Entre 1843 et 1853, Atkins publie “Photographs of British Algae: Cyanotype Impressions”, une série de volumes contenant des centaines de cyanotypes d’algues. Ce procédé, simple et peu coûteux, lui permet de capturer avec précision les détails des plantes marines.
Son travail monumental représente non seulement une contribution significative à la botanique, mais aussi un jalon dans l’histoire de la photographie. Chaque spécimen est accompagné de notes scientifiques détaillées, faisant de cette œuvre une référence pour les amoureux de botanique.Bien qu’elle ait longtemps été méconnue, Anna Atkins est aujourd’hui célébrée pour ses cyanotypes, reconnus tant pour leur valeur scientifique que pour leur esthétique artistique. Les empreintes végétales qu’elle a créées sont devenues des œuvres d’art à part entière, très prisées par les collectionneurs et les amateurs d’art botanique.
Anna Atkins incarne l’intersection entre science et art. Son utilisation innovante de la technologie émergente pour faire avancer la connaissance botanique témoigne de son ingéniosité et de sa passion. En tant que pionnière, elle a ouvert la voie à de nombreuses femmes dans les sciences et les arts, et son héritage continue d’inspirer de nouvelles générations d’amoureux de botanique.
Pour en savoir plus sur les cyanotypes d’Anna Atkins, explorez les collections numériques des bibliothèques, telles que celles du Museum national d’Histoire naturelle, qui conservent plusieurs de ses œuvres. Ses empreintes de fleurs et d’algues restent des pièces maîtresses de l’art botanique.