Création & Art botanique
Agnès Arber : dessiner pour comprendre les formes végétales
À la croisée de la science et du dessin, Agnès Arber, figure importante de la botanique du XXᵉ siècle, a fait de l’observation des plantes une véritable méthode de pensée.
Elle a consacré sa vie à comprendre les formes du vivant, entre précision scientifique et regard sensible.

A la découverte d’Agnès Arber
Née en 1879 à Londres, Agnès Arber grandit dans un univers où l’art occupe une place centrale : son père est peintre, sa mère sculptrice. Le dessin et l’observation des formes font partie de son apprentissage.
Elle étudie à la North London Collegiate School for Girls, l’un des premiers établissements anglais à offrir aux jeunes filles une formation scientifique solide. C’est là qu’elle découvre la botanique.
En 1897, elle rejoint le Newnham College, collège féminin de l’université de Cambridge, où la botanique occupe une place importante. Elle y termine son cursus avec succès, mais sans diplôme officiel : l’attribution des diplômes aux femmes n’y sera autorisée qu’en 1948.
Après Cambridge, elle travaille auprès d’Ethel Sargant, botaniste britannique reconnue pour ses recherches sur la structure et le développement des plantes à fleurs, qui deviendra sa mentore. Ensembles, elles publient un article sur les germes des herbes.
Elle rejoint ensuite l’University College London, l’une des premières institutions britanniques à ouvrir ses diplômes aux femmes. En 1905, elle y obtient un doctorat en sciences.
Les cahiers botaniques
Pendant ses années à Cambridge, puis à l’University College London, Agnès Arber consigne ses observations dans une série de carnets où se mêlent dessins et notes manuscrites.
Elle y trace des croquis de feuilles, des coupes anatomiques, des comparaisons de formes, accompagnés d’annotations précises sur la structure des plantes.
Ces carnets témoignent d’un regard attentif : elle observe la plante par la forme, avant même de chercher à l’expliquer.
Le dessin accompagne la recherche.
Les carnets d’Agnès Arber sont aujourd’hui conservés au Hunt Institute.
Une philosophie du végétal
Ses recherches sur la structure des plantes la conduisent à publier plusieurs ouvrages majeurs.
Elle s’intéresse d’abord à l’histoire des premiers herbiers imprimés et signe, en 1912, Herbals: Their Origin and Evolution, un livre de référence dans l’histoire des sciences.
En 1920, elle consacre un volume aux plantes aquatiques, Water Plants: A Study of Aquatic Angiosperms.


Dessins d’Agnès Arber extraits de Water Plants: A Study of Aquatic Angiosperms, 1920
Elle approfondit ensuite ses travaux de morphologie végétale avec Monocotyledons: A Morphological Study (1925) et Grasses: A Study of Monocotyledons (1934).

Dessins d’Agnès Arber extraits de son livre Monocotyledons: A Morphological Study, 1925
En 1946, elle devient la première femme botaniste élue à la Royal Society, reconnaissance rare à une époque où les sciences restent largement masculines.
Son regard évolue ensuite vers une approche plus réflexive : dans The Natural Philosophy of Plant Form (1950), elle relie la botanique à la philosophie, considérant la plante non plus seulement comme un organisme à décrire, mais comme une forme vivante à comprendre dans sa totalité.
Dans la rigueur du trait comme dans la précision du regard, Agnès Arber fait dialoguer science et contemplation. L’ensemble de son œuvre témoigne d’une même attention au vivant, entre rigueur scientifique et regard sensible.

















